Si nous l’osions, si la patience de nos lecteurs nous y enhardissait, nous l’essayerions plus souvent. […] Que tous ceux qui auront à nommer le Paradis le regardent et l’indiquent de la main. » Ce n’est pas tout : indépendamment des acteurs proprement dits, il y a un lecteur et un chœur, comme, si l’on était dans l’église. Le lecteur lit de scène en scène, et en latin, les versets de la Bible qui correspondent au développement du drame, et le chœur, avec accompagnement de musique sans doute, chante les répons.
Un tel mode de procédé toutefois ne s’adressait qu’à très-peu de lecteurs et n’atteignait pas le public proprement dit. […] Renan s’en soit tiré à la satisfaction de tous les lecteurs, ni peut-être à la sienne propre, avec sa théorie des « sincérités graduées » et des « malentendus féconds » ; mais il a mis du moins à cette transition, et pour la sauver, tout l’art et toute la ténuité, toute la subtilité d’explication dont un esprit aussi distingué est capable. […] L’auteur que l’on pouvait croire jusqu’ici assez dédaigneux des suffrages moyens, a fait acte par là d’une grande déférence pour la généralité des lecteurs.