Dans le Au lecteur que Molière a écrit au sujet de cette petite pièce il y a un mot bien digne de considération : « … On sait bien que les comédies ne sont faites que pour être jouées ; et je ne conseille de lire celle-ci qu’aux personnes qui ont des yeux pour découvrir dans la lecture tout le jeu du théâtre », Cela intimide ; car ces personnes sont rares. […] Qui a plaidé le blanc, puis le noir peut toujours dire que ce sont deux extrêmes qu’il a combattus pour que le lecteur s’arrêtât en un milieu qui est la vérité et la raison. […] Que de jeunes hommes lecteurs de roman ont cru que la déclaration est un rite, dont on ne peut pas se dispenser ! Voyez le programme du parfait amant tracé par Magdelon, grande lectrice des romans du temps, dans les Précieuses ridicules : « Il faut que la recherche soit dans les formes. […] Elle a été jeune, elle a songé à l’amour, elle a lu les livres qui en parlaient ; elle s’est farcie de romans ; appartenant à cette catégorie de lecteurs qui rapportent à eux tout-ce qu’ils lisent et qui, comme les auteurs qui ne peuvent parler que d’eux, se font les saints, non du sermon qu’ils prononcent, mais du sermon qu’ils entendent.
L’unité, la continuité, la durée de l’action, les mœurs, les sentiments, les épisodes, et tout ce qui compose ces deux poèmes, ne touchent que les habiles dans l’art poétique, ceux qui en connaissent les préceptes et les beautés ; mais le nœud et le dénouement bien ménagés produisent leurs effets également sur tous les spectateurs et sur tous les lecteurs. […] Le caractère de l’épopée est de transporter la scène de la tragédie dans l’imagination du lecteur.