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672. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1886 » pp. 101-162

Jeudi 21 janvier Un échantillon de la langue, du parler simple de Gounod. […] À quelques jours de là, Hetzel lui faisait dire de passer chez lui, et dans une entrevue féroce, lui déclarait qu’il n’avait aucun talent, n’en aurait jamais, que c’était écrit d’une manière exécrable, qu’il recommençait la Commune de Paris dans la langue française, qu’il était un détraqué de croire, qu’un mot valait plus qu’un autre, de croire qu’il y avait des épithètes supérieures… Et Huysmans me peignait l’anxiété que cette scène avait mise dans le cœur de sa mère, pleine de confiance dans le jugement de l’éditeur, en même temps, que la douloureuse méfiance qui lui était venue à lui, de son talent. […] » c’était tout le temps de la langue parlée, de la véritable langue de l’amour. […] Porel a, dans les répétitions, quelque chose qui serait charmant à introduire dans un roman sur le théâtre : c’est pour l’intelligence des cabotins et des cabotines, la traduction en langue vulgaire, de toutes les situations où ils se trouvent, et la façon d’en sortir. […] » Gibert, avec une langue technique, qui donne les plus grandes jouissances aux amateurs de l’expression, une langue juste, précise, peinte, parle de cette voix artificielle, de cette voix de tête ou de nez, que certains chanteurs se font : voix métallique à résistance indéfinie, tandis que les voix naturelles des gens qui chantent avec l’émotion de leur poitrine, est plus vite cassée.

673. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIIe entretien. Littérature légère. Alfred de Musset » pp. 409-488

C’était un caractère semi-sérieux ; c’est ainsi que les Italiens désignent cette espèce d’œuvre et cette espèce d’homme dont le divin Arioste est dans leur langue le type le plus original et le plus achevé, comme Sterne l’est pour l’Angleterre. […] mais le pourceau des moines défroqués, se délectant dans sa bauge immonde et faisant rejaillir avec délices les éclaboussures de sa lie sur le visage, sur les mœurs et sur la langue de son siècle. […] Rabelais a quelquefois une folle ivresse qui fait qu’on se récrie d’admiration sur la sordide fécondité de la langue, j’en conviens, mais c’est un ivrogne de verve. — Aux égouts le festin ! […] Nous ne connaissons dans aucune langue une si charmante débauche d’esprit, de déraison et de style. […] L’âme d’un peuple, c’est sa littérature sous toutes ses formes : religion, philosophie, langue, morale, législation, histoire, sentiment, poésie !

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