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1386. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Benjamin Constant et madame de Charrière »

Il est d’autres pièces au contraire qui sont acquises à l’histoire, à la langue française, comme aussi à la philosophie du cœur humain. […] On sent qu’à cette période de sa vie il est entre trois langues, et comme entre trois patries ; il n’a pas encore fait son choix. Cette facilité de recourir familièrement à une langue étrangère, dès qu’elle vous offre un terme à votre convenance, est attrayante, mais elle a son écueil ; il en résulte que, lorsqu’on s’y abandonne, on néglige de faire rendre à une seule langue tout ce qu’elle pourrait donner. […] Je vous abandonne leurs poëtes tragiques, comiques, lyriques, parce que je n’aime la poésie dans aucune langue ; mais, pour la philosophie et l’histoire, je les trouve infiniment supérieurs aux Français et aux Anglais. […] Vous sentez que je ne parle que des écrivains de la première classe. » Mais ce qui est plus vrai que tout, c’est qu’il n’aime la poésie en aucune langue.

1387. (1903) Le problème de l’avenir latin

La langue disparaît totalement. […] Bructères, Chérusques et Sicambres, à la voix d’Hermann, se soulèvent, égorgent les légionnaires, crèvent les yeux des légistes et leur arrachent la langue, cette langue instrument subtil et captieux de romanisation. […] Il veut faire avec son cerveau et sa langue l’œuvre de ses bras. […] Presque tout ce qui se rapporte à l’étude de la langue nationale serait réparti entre l’enseignement primaire et renseignement supérieur. On n’enseignerait du latin que les quelques notions indispensables concernant l’origine des langues néo-latines.

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