L’œuvre dramatique parfaite a deux existences en propre, l’une scénique, l’autre livresque, et qui ne peuvent se faire tort. […] Si l’une et l’autre, d’aventure, se rencontrent dans le même homme, celle-ci n’implique nullement celle-là ! Le plus souvent l’une supplée à l’autre : l’artiste crée ce qu’il n’a pas vécu. […] Et comme se groupent les pensées en s’appelant l’une l’autre, en s’opposant l’une à l’autre, ainsi : la strophe naîtra de la strophe précédente, prendra sur elle son point d’appui ou s’en écartera, en antithèse — et j’entends rythmiquement. […] Puissent les jeunes gens, d’ici là, produire beaucoup de poèmes, soumis à l’une ou l’autre de ces disciplines — et dignes de chanter en vous, lorsque vous vous promènerez.
Les parties faibles de cet écrivain, comme la politique, les sciences exactes et la dialectique, en sont naturellement exclues ; tandis que la morale, la sensibilité et la magnificence des descriptions s’y continuent et s’y fortifient l’une par l’autre dans les dimensions d’un cadre étroit d’où l’instruction sort sans rêveries, le pathétique sans puérilité, et le coloris sans confusion. […] » — Toujours et partout la vieille histoire de Saturne et de Jupiter ; toujours les générations d’autant plus inexorables qu’elles se touchent davantage, et empressées de se nier l’une l’autre quand elles ne peuvent se dévorer !