Durant une crise récente, spectateur de sang-froid des grands combats menés pour la Justice et pour la Vérité, M. […] C’est la guerre civile régularisée, donc admise. » « Chaque parti… » Aucun n’échappe, en effet, à la justice distributive de M. […] « Et pourtant je ne leur ai jamais parlé que de justice ! […] Singulier sentiment chez des gens qu’on a connus si zélés pour la justice civile. […] Fleurirait-elle jamais l’éternelle justice ?
Misère de l’espérance elle-même, qui se bâtit, comme Victor Hugo, des palais de délices et de justice pour l’humanité, et qui, en avançant dans la vie, voit s’écrouler, comme la pierre du cercueil, ses propres rêves ! […] On est le petit nombre, on a contre soi toute une armée ; mais on défend le droit, la loi naturelle, la souveraineté de chacun sur soi-même qui n’a pas d’abdication possible, la justice, la vérité, et au besoin on meurt comme les trois cents Spartiates. […] Et où serait la justice, pour ceux qui, étant nés et étant morts avant l’ère de nos utopistes immortels, n’auraient pas bénéficié de notre perfectibilité indéfinie ? […] Quelle justice du Créateur ou de la nature pour les générations, plus nombreuses que le sable de la mer, qui sont nées, qui ont brouté, qui sont mortes entre soixante-dix et quatre-vingts ans, temps légal accordé aux hommes favorisés du temps, comme dit Job, qui s’y connaissait déjà : « L’homme vit peu, et sa vie est remplie de beaucoup de misères ! […] XXXI L’autre philosophie sociale est celle qui, reconnaissant aussi dans la création énigmatique telle quelle, un mystérieux fait accompli, s’y résigne comme à une justice inexpliquée, puisqu’elle est fatale, ce qui veut dire divine : semblable, j’en conviens, au prisonnier des ténèbres, qui, après avoir fait le tour de son étroit cachot, et convaincu qu’il n’y a aucune issue que par le suicide, évasion de la destinée humaine, s’y assoit à la place assignée par la Providence, y livre son corps à sa condition de souffrance et de corruption, sans murmure et sans regret, et y cherche la nourriture de son âme, qu’il sent immortelle, dans la conformité du dessein de Dieu son maître, dans le sacrifice de son bonheur à celui de ses semblables, dans la vertu, ce supplément de bonheur qui vaut mieux que lui, et dans la sainte certitude d’un destin supérieur quand cette voûte de son cachot s’écroulera sur son corps mortel pour lui laisser voir du fond du cercueil le vrai jour de Dieu !