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532. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre dixième. »

Le français de Paris s’y montre dans ses nuances si variées et si justes, ses délicatesses, son coloris modéré, cette rigueur logique qui sent sa langue universelle ; et, à côté, le français des provinces y trouve à loger çà et là, dans quelque coin, ses naïvetés locales, sa rusticité expressive, ses fautes gracieuses. […] Les fautes lui paraissent le prix dont il est bien juste de payer les beautés si diverses et si charmantes des lettres. […] Ce sont deux modèles de cette sensibilité douce, sans vapeurs ni fausses grâces, propre aux gens dont le cœur est bon et l’esprit juste. […] Il y réussissait, il se faisait donner en 1672 un privilège exclusif sur toute la musique du royaume, à la trop juste indignation de Molière, qui réclamait auprès de Louis XIV, et qui en obtenait d’être maintenu dans son droit.

533. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre V : La religion — Chapitre II : Examen critique des méditations chrétiennes de M. Guizot »

Elle se croit une société juste et vraie, plus juste et plus vraie que la société artificielle du moyen âge. […] On aura beau établir que le péché originel est un fait, on n’aura pas prouvé par là que c’est un fait juste. […] J’admets une justice surhumaine, c’est-à-dire une justice plus juste que la mienne, et qui pèse dans des balances infiniment délicates ce que je ne puis peser que dans des balances grossières, une justice qui se confond avec la miséricorde, et qui ne fait pas payer aux hommes le péché d’être né ; mais quant à cette justice qui punit les innocents pour les coupables et qui déclare coupable celui qui n’a pas encore agi, c’est la vendetta barbare, ce n’est pas la justice des hommes éclairés.

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