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1280. (1895) Les confessions littéraires : le vers libre et les poètes. Figaro pp. 101-162

L’éminent académicien qui, avant M. de Heredia — et plus simplement peut-être — acquit une juste gloire en confectionnant d’adorables et doux petits sonnets, dont les vers faciles chantent dans toutes les mémoires, M.  […] En principe j’aime les « jeunes » et ne suis pas contraire à l’idée maîtresse du Symbolisme qui me paraît juste et qui, en fait de poètes, a produit un prosateur de premier ordre, un second Villiers de L’Isle-Adam, M.  […] À coup sûr, il faut une mesure, puisqu’il n’y a pas de vers sans mesure ; mais il est bien juste de laisser le poète libre de choisir celle qui lui convient, et de ne point l’enserrer dans le cercle de fer d’une forme qu’il n’aura ni inventée, ni voulue. […] Et sur cette image aussi juste que curieuse, notre conversation prit fin ; mais, avant de nous quitter, M.  […] Bien plus, des écrivains éminents, possédant au suprême degré le sens du rythme de la prose, ont avoué que, par une infirmité singulière, ils ne pouvaient savoir si un alexandrin était juste ou non, à moins de compter sur leurs doigts.

1281. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

Car ce fut la chance heureuse du feuilleton de rencontrer mademoiselle Mars à son apogée, et mademoiselle Rachel à son aurore ; il arriva, juste à l’heure où la comédie était vivante encore, où la tragédie expirée allait renaître, et dans cette ombre éclairée et dans cette lumière douteuse, il sut entourer de ses hommages et de ses louanges la grande actrice vieillissante ; il sut entourer de ses encouragements et de ses conseils la jeune tragédienne encore ignorée et qui s’ignorait elle-même ! […] Voilà comment Molière témoignait sa juste reconnaissance à son royal protecteur ; voilà comment il avait trouvé moyen de compromettre le roi dans son drame, bien mieux qu’en lui empruntant ses bons mots ! […] En résumé, on n’a rien écrit de plus juste et de plus sensé sur l’art de la comédie, que cette réponse de Bossuet à la préface de Tartuffe. […] Je dis seulement que le chef-d’œuvre est par lui-même une chose infinie, et qu’on le peut étudier, sous tant d’aspects si divers, que celui-là serait impardonnable qui ne se placerait pas à un point de vue favorable, et qui irait se poser tout juste au même point que vingt autres dessinateurs de ce vaste et impérissable monument ! […] Si vous lisez les critiques du temps et surtout les correspondances qui étaient tout le journal de son époque, vous trouvez avec étonnement que Marivaux a été estimé par ses contemporains bien au-dessous de sa juste valeur.

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