Seulement les hommes s’accordent dans leurs approbations et désapprobations morales, comme ils s’accordent dans leur jugement sur la vérité. Supposer un vrai ou un bien indépendant des jugements individuels, c’est ressembler à l’homme qui, entendant chanter en chœur, supposerait une voix abstraite universelle, distincte et indépendante des voix particulières. […] Le vrai et le bien ne sont que des abstractions réalisées : ils résultent de nos jugements, au lieu d’en être la cause ; ils sont si peu antérieurs à eux, qu’ils ne se produisent qu’après eux et par eux.
Cette lettre sur le palais Mazarin pourrait aussi bien s’appeler un jugement, une apologie ou un éloge du cardinal Mazarin, une réfutation du cardinal de Retz et de tous les adversaires du Premier ministre. […] Cela vaut la peine qu’on s’y arrête, pour examiner la valeur d’un tel jugement, surtout lorsque des pièces positives et neuves sont produites à l’appui. […] On trouverait dans ces carnets de Mazarin des maximes d’État, d’excellents jugements des hommes, les menus propos du jour, tout enfin, j’imagine, excepté de la grandeur.