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423. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1872 » pp. 3-70

10 janvier Aujourd’hui, chez le français, le journal a remplacé le catéchisme. […] Il regrette que la forme du journal ne lui permette pas de développer l’esthétique de la chose… Il se réserve de faire cela, quelque jour, dans une revue. […] L’aristocratie du talent est en train d’être tuée par le petit journal, qui dispose de la gloire, et n’en débite que pour les siens. Il organise dans la République des lettres, une espèce de démocratie, où les premiers rôles seront exclusivement tenus par des reporters ou des cuisiniers de journaux : les seuls littérateurs que connaîtra la France, dans cinquante ans. […] Tous ces jours, en parcourant le journal, ma pensée était à l’enragement de travail, avec lequel mon frère hâtait la fin de ce livre.

424. (1926) L’esprit contre la raison

C’est pourtant parce que la frivolité ne fait plus guère illusion que depuis plusieurs années dans les livres, les feuilletons critiques des journaux, les revues, un peu partout, a été dénoncé un péril. […] Elle se fortifie sans cesse dans les journaux et fait échec à la science, à l’art, en s’appliquant à flatter l’opinion dans ses goûts les plus bas : la clarté confinant à la sottise, la vie des chiens. […] Ailes des paupières, nos regards volent et le vent en l’honneur duquel Picasso de chaque pierre triste a fait jaillir les Arlequins et leurs sœurs cyclopéennes et tout un monde endormi dans les secrets des guitares, l’immobilité du bois en trompe l’œil, les lettres d’un titre de journal, le vent en l’honneur duquel Chirico a construit des villes immuables et Max Ernst ses forêts, pour quelles résurrections emporte-t-il nos mains, ces fleurs sans joie. […] Il fut botaniste à ses débuts (d’où la comparaison avec les sciences naturelles) ; après son voyage de 1911-1912, il écrivit Journal de voyage d’un philosophe autour du monde, volume publié après la guerre (traduit en 1927). […] […]Un frisson extraordinaire a couru la moelle de l’Europe. » Le naufrage du Lusitania a fait la une des journaux ; il coula après avoir été torpillé au large de l’Irlande par un sous-marin allemand le 7 mai 1915, avec plus de 1200 passagers à bord certains disent plus de 2000 — dont sept cents environ furent sauvés.

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