Dresser des inventaires (comme on les dresse de nos jours, à la fois très exacts et sommaires) est une besogne pénible, très pénible, sans joie comme sans récompense. […] A qui n’est pas né avec certaines dispositions naturelles, la carrière de l’érudition technique ne réserve que des dégoûts : le plus grand service que l’on puisse rendre aux jeunes gens qui hésitent à s’y engager est de les en avertir. — Les hommes qui se sont consacrés jusqu’ici aux besognes préparatoires les ont choisies entre toutes, parce qu’ils en avaient le goût, ou bien s’y sont résignés, les sachant nécessaires : ceux qui les ont choisies ont moins de mérite, au point de vue moral, que ceux qui s’y sont résignés, mais ils ont obtenu cependant, pour la plupart, des résultats meilleurs, parce qu’ils ont travaillé, non par devoir, mais avec joie et sans arrière-pensée.
Déjà semblable à quelque héros de nos romans modernes, « sous un visage en joie et tranquille, il porte un fond secret d’inquiétude et de mélancolie, qui l’excite sans cesse à désirer quelque chose qui lui manque, et ce besoin dévorant, cette absence d’un bien inconnu, l’empêchent d’être entièrement heureux ». […] Imaginez la recommandation que ce serait aujourd’hui même, pour un roman étranger, que de paraître traduit en français par l’auteur du Nabab ou de la Joie de vivre !