Parlant de la jeunesse du roi, comprimée par Mazarin, sous le joug duquel il commençait à pointer, ce prince, dit-il, sentit l’amour. […] Le goût du devoir, une affection d’estime pour la reine, ne le défendirent pas des tentations de la jeunesse et de la toute-puissance. […] Il fait pour la première époque des pièces toutes pleines d’amour : c’était le temps de la gloire sans revers, des amours qu’excusaient, aux yeux indulgents des contemporains, la jeunesse du prince, la froideur d’un mariage politique, le sérieux de la passion toujours conciliée avec les devoirs de la royauté. […] Seulement Racine coupa court à la jeunesse avant qu’elle fût écoulée ; et c’est ce même cœur, d’où Phèdre venait de sortir, qu’il voulut un jour éteindre dans un cloître de chartreux. […] Une certaine fougue de jeunesse, dans les peintures du prédicateur, les rendait d’autant plus sensibles au jeune roi.
Aujourd’hui Taine parle, d’une manière très intéressante, de longues heures de sa jeunesse, passées dans une chambre où il y avait un cent de fagots, un squelette recouvert d’une lustrine, une armoire pour serrer les vêtements, un lit, deux chaises. […] Là, dans cette chambre et d’autres pareilles, Taine dit que les plus hautes questions, des questions encore plus révolutionnaires que celles agitées ici, étaient discutées avec une énergie, une audace, une violence, enfin avec ce qui monte dans la tête et les idées d’une jeunesse qui ne vit pas, qui ne s’amuse pas, qui ne jouit pas. Car cette jeunesse de Taine et de sa génération n’a point eu de jeunesse, elle a grandi dans une espèce de macération, en compagnie du travail, de la science, de l’analyse, au milieu de débauches de lectures, et ne pensant qu’à s’armer pour la conquête de la société ! […] Pas un rire, pas un éclat de jeunesse ou de gaîté ! […] * * * — Quand l’homme vieillit, il éprouve le besoin d’une chose qui ne lui manquait pas du tout dans sa jeunesse : le silence.