Au xviie siècle, Claude Ménard crut avoir trouvé un bon manuscrit et s’appliqua à le publier plus fidèlement (1617) ; ce n’était pourtant qu’un texte encore inexact et fort rajeuni, ou plutôt privé en partie de sa jeunesse. […] Aimable sénéchal de Champagne, que de peines et d’efforts il a fallu, que d’académiciens des Inscriptions faisant la chaîne et mis les uns au bout des autres, pour arriver à sauver de toute corruption et de toute injure, et pour nous rendre au naturel et dans sa simplicité, ce que vous dictiez si gaiement en cheveux blancs dans le joli langage ou ramage de votre jeunesse, et en vous promenant d’un pied encore ferme dans la grande salle du château de Joinville85 !
Élevé sous les yeux de son père, frère d’un aîné d’un autre lit (M. de Caumartin, l’intendant des finances) et qui était très en crédit et très à la mode ; n’ayant lui-même jamais rien écrit ni ne devant rien écrire, mais ayant tout appris dès l’enfance, histoire, chronologie, médailles, théologie enfin, et n’étant surchargé de rien, il avait été reçu à l’Académie dans cette grande jeunesse pour sa pure distinction personnelle : « La brigue ni la faveur, a-t-on eu le soin de nous dire, n’avaient eu aucune part à ce choix : son mérite seul avait parlé pour lui. » Perrault, qui fut chargé de le recevoir, le loua comme un prodige de facilité et d’érudition, dont tous les savants étaient émerveillés et que la Sorbonne avait peine à contenir. […] Sa jeunesse et sa bonne reine rendent sa vertu plus agréable et recommandable : la science de la religion en lui est accompagnée d’une parfaite connaissance des belles-lettres. » 62.