Ce jeune Empereur a déjà fait un certain nombre de choses extrêmement curieuses. […] Et le jeune autocrate, dans sa bonne volonté, songeait : « Mais ils ne comprennent pas ! […] Que se passe-t-il donc dans l’âme du jeune Empereur ? […] Le jeune Empereur pense bien autrement. […] Le jeune Empereur peut fonder la paix du monde.
Il voulut que le roi, alors âgé de 16 ans, se rendît à l’armée ; le jeune prince fit les campagnes de 1653, 1654, 1655, à Mouzon, à Stenay, à Landrecies, à Condé, à Saint-Guillain. […] Quelle imagination n’a été frappée du récit de ces fêtes somptueuses et magiques où le jeune roi n’était pas simple spectateur et qu’il embellissait par son grand air, sa bonne grâce, et sa galanterie ! […] La reine et le cardinal, au milieu de l’enivrement général, ne négligeaient pas de diriger l’esprit et les premières affections du jeune roi. […] La reine-mère trouvait bon que le jeune roi fréquentât la maison de la comtesse de Soissons, sachant bien que Marie Mancini, la plus jeune des trois sœurs, attirait son attention, mais persuadée qu’il n’aurait jamais la pensée d’épouser cette étrangère, et que sa société serait pour lui un amusement sans autre conséquence possible que le déshonneur d’une bourgeoise italienne. Elle fut détrompée de cette opinion quand elle se vit négligée par Mazarin ; elle jugea des vues et des espérances du cardinal par son refroidissement ; c’était à ses yeux un indice certain des progrès de la séduction exercée par Marie Mancini sur le jeune monarque.