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1071. (1899) Préfaces. — Les poètes contemporains. — Discours sur Victor Hugo pp. 215-309

Je crois, enfin, qu’à génie égal, les œuvres qui nous retracent les origines historiques, qui s’inspirent des traditions anciennes, qui nous reportent au temps où l’homme et la terre étaient jeunes et dans l’éclosion de leur force et de leur beauté, exciteront toujours un intérêt plus profond et plus durable que le tableau daguerréotypé des mœurs et des faits contemporains. […] Le jeune et indifférent auteur des Méditations eut l’irréparable malheur de réprimander avec une sévérité quelque peu puérile le poète de Caïn et de Manfred, aux applaudissements injurieux des niais et des hypocrites. […] Il me sera désormais prouvé qu’il ne faut point heurter de front l’armée compacte des dupes littéraires, et que c’est une aventure dangereuse que de troubler, dans les mares stagnantes, la quiétude des grenouilles, jeunes et vieilles. […] Ceux de ses jeunes confrères qui ont eu l’honneur de le connaître n’oublieront jamais ni sa bienveillance charmante et inépuisable, ni son amour sans bornes de la Poésie, cette vertu d’heure en heure plus dédaignée. […] Cependant, messieurs, l’impression produite sur l’imagination vierge d’un jeune sauvage vivant au milieu des splendeurs de la poésie naturelle ne pouvait être unanimement ressentie à une époque et dans un pays où les vieilles traditions d’une rhétorique épuisée dominaient encore.

1072. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre septième »

Les plus hautes têtes s’abaissèrent sous cette jeune main, dans laquelle un fouet de chasse fit un moment l’office du sceptre. […] Il contentait la première ardeur de gloire du jeune prince par toutes les réformes et toutes les créations de la paix. […] Mazarin mort, le rideau qui cachait le roi tomba, et l’idéal rêvé par tout le monde apparut dans la personne d’un jeune prince qui, comparé aux autres hommes, était lui-même une sorte d’idéal. […] Quand la politique maria Louis XIV avec une princesse qui ne sut jamais parfaitement la langue de son époux et de ses enfants, le cœur du jeune roi était encore tout frémissant d’un premier amour qu’il avait dû vaincre. […] Une certaine fougue de jeunesse, dans les peintures du prédicateur, les rendait d’autant plus sensibles au jeune roi.

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