La facilité du poète à oublier les amitiés et les services quand sa gloire ou quand sa fortune étaient en jeu n’éclata pas moins envers Mme de Montespan. […] Lorsque le roi arrivait chez Mme de Montespan, ils lui lisaient quelque chose de son histoire ; ensuite le jeu commençait, et lorsqu’il échappait à Mme de Montespan, pendant le jeu, des paroles un peu aigres, ils remarquèrent, quoique fort peu clairvoyants, que le roi, sans lui répondre, regardait en souriant Mme de Maintenon, qui était assise vis-à-vis de lui sur un tabouret, et qui, enfin, disparut tout à coup de ces assemblées. […] …………………………………………………… …………………………………………………… Mais, tandis qu’un grand roi venge ainsi mes injures, Vous qui goûtez ici des délices si pures, S’il permet à son cœur un moment de repos, À vos jeux innocents appelez ce héros ; Retracez-lui d’Esther l’histoire glorieuse, Et sur l’impiété la foi victorieuse.
Quatre personnages : Cléopâtre et Rodogune, Antiochus et Séleucus ; les deux ou trois « domestiques » ou confidents nécessaires, et l’action résultant du seul jeu de leurs sentiments réciproques. […] On s’amusait soi-même de ses propres inventions, sans y attacher autrement d’importance, et l’amour-propre ou la vanité d’auteur y étaient seuls en jeu. […] si, dans ces jeux sanglants de l’amour et du hasard qu’il aime à mettre en scène, qui sont la matière de son Rhadamiste, il se proposait de nous montrer l’ironie de la destinée ! […] Le Jeu de l’Amour et du Hasard est de 1730 ; Manon Lescaut paraît pour la première fois, en 1731 ; et Zaïre, enfin, est de 1732. […] Andromaque, Bérénice, Bajazet, Mithridate, Phèdre, est-ce que ce ne sont pas, si jamais il y en eut, des jeux tragiques, des jeux sanglants, des jeux mortels, mais des jeux de « l’amour et du hasard » ?