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19. (1923) L’art du théâtre pp. 5-212

Les sentiments jouent leur jeu propre, un jeu subtil et transparent. […] Mais le problème est trop complexe, il met en jeu trop d’imprévu. […] Place au metteur en scène, seul maître du texte et du jeu ! […] L’essentiel c’est le jeu, ce n’est pas le cadre, ou plus exactement le cadre au service du jeu, établi en fonction du jeu. […] Capable de grandeur aux moments où le pathétique l’emporte, il submerge le drame sous un torrent étincelant de paradoxes, de jeux de mots, de jeux d’esprit.

20. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre deuxième. Le génie, comme puissance de sociabilité et création d’un nouveau milieu social »

L’art supérieur, l’art véritable ne commence qu’avec l’introduction du travail et, conséquemment, de la peine dans ce jeu d’abord tout spontané, qui était poursuivi non en vue de la réalisation du beau, mais en vue de l’amusement personnel de l’artiste ou, pour mieux dire, du joueur. L’œuvre d’art proprement dite, loin d’être, un simple jeu, marque le moment où le jeu devient un travail, c’est-à-dire une réglementation de l’activité spontanée en vue d’un résultat extérieur ou intérieur à produire22. Du reste, l’art n’est pas le seul jeu qui, en se compliquant, devienne ainsi un travail ; tout jeu, dès qu’il est raisonné et cherche à produire un résultat donné, constitue lui-même un travail véritable, et c’est assurément un travail très absorbant pour un enfant que le jeu de la toupie, du bilboquet ou de la corde à sauter. […] Dédoublement voulu, il est vrai, mais qui peut arriver à être si complet que l’artiste devienne dupe du jeu de l’art. […] Sur la théorie qui identifie l’art et le jeu, voir nos Problèmes de l’esthétique contemporaine, livre Ier.

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