Dans tous les arts la belle imagination est toûjours naturelle ; la fausse est celle qui assemble des objets incompatibles ; la bisarre peint des objets qui n’ont ni analogie, ni allégorie, ni vraissemblance ; comme des esprits qui se jettent à la tête dans leurs combats, des montagnes chargées d’arbres, qui tirent du canon dans le ciel, qui font une chaussée dans le cahos.
Durandal, à tuer ces coquins s’ébréchant, Avait jonché de morts la terre, et fait ce champ Plus vermeil qu’un nuage où le soleil se couche ; Elle s’était rompue en ce labeur farouche ; Ce qui n’empêchait pas Roland de s’avancer ; Les bandits, le croyant prêt à recommencer, Tremblants comme des bœufs qu’on ramène à l’étable, A chaque mouvement de son bras redoutable, Reculaient, lui montrant de loin leurs coutelas ; Et, pas à pas, Roland, sanglant, terrible, las, Les chassait devant lui parmi les fondrières ; Et, n’ayant plus d’épée, il leur jetait des pierres.