Les passions sont plus brutales que délicates : mais l’intelligence est prompte, souple, infatigable. […] Le « Discours de la méthode pour bien conduire sa raison et chercher la vérité dans les sciences » est la biographie d’une pensée ; et du seul caractère narratif et descriptif de l’ouvrage sortent visiblement deux traits de la physionomie intellectuelle de Descartes : au lieu d’une exposition théorique de sa méthode, il nous en décrit la formation dans son esprit, et présente ses idées comme autant d’actes successifs de son intelligence, de façon à nous donner en même temps qu’une connaissance abstraite la sensation d’une énergie qui se déploie ; le tempérament actif des hommes de ce temps est devenu chez Descartes une puissance créatrice d’idées et de « chaînes » d’idées. […] Jusque-là elle vécut à côté du christianisme, en paix avec lui, dans les mêmes intelligences ; et je ne doute pas même qu’elle n’ait aidé pendant un temps certains esprits, tels que Boileau, à rester chrétiens.
Le désintéressement et l’intelligence sont, plus que jamais ils ne l’ont été, des nécessités pour la bourgeoisie : elle est tenue d’avoir ce sens de la relativité, cet esprit de solidarité qui seuls peuvent élargir les idées et tuer l’égoïsme. […] Il ne s’applique qu’à distinguer, à définir les êtres moraux qui se révèlent par des œuvres ; et tous ces mélanges de tempéraments, d’intelligences et d’affections sont analysés par lui avec une fine précision. […] Sarcey a gardé l’intelligence et le culte de Racine, de Corneille, de Molière : il a fermé ses oreilles aux abominations russes ou Scandinaves.