Préface Nous avons essayé de déterminer quelle sera après le Naturalisme la nouvelle formule littéraire : un Humanisme intellectuel aux conséquences sociales. […] La littérature demeure fonction intellectuelle, logicienne. […] Une faculté intellectuelle ne s’exerce pas à vide, ou ne produit qu’une jonglerie de mots, une métaphysique absurde des significations verbales, un bavardage de perroquet. […] La seule éducation qui convienne aux écrivains — comme à tous les hommes du reste, mais à eux bien davantage — doit consister d’abord dans le développement des primordiales qualités intellectuelles, dans la connaissance des méthodes de juger par soi-même, ensuite dans l’acquisition des vérités selon leur étendue et leur importance. […] D’ailleurs, il sera pourvu à ce qu’ils exercent convenablement leurs facultés selon la toute logique intellectuelle.
Et l’on s’entretient amoureusement de ce théâtre faisant la joie intellectuelle de Weimar, et de là on est amené à dire qu’il n’y a que les milieux restreints, les petits centres pour goûter la littérature distinguée, et l’on cite les petites républiques de la Grèce, et les petites cours italiennes de la Renaissance : tout le monde constatant que les grandes accumulations de populations, comme Paris, les capitales à l’innombrable public, font de préférence de formidables succès à Roger la Honte ou à La Porteuse de pain, à de grosses et basses œuvres. […] Mardi 2 avril Causerie avec Daudet sur la femme française, que Molière dit dans une préface plus intellectuelle que sensuelle. […] Dimanche 21 avril Je crois décidément que la vie intellectuelle, que le ferraillement journalier de votre intelligence à l’encontre d’autres intelligences, je crois que cela combat et retarde la vieillesse. […] Il m’étonne ce sacré grand gamin, par ce mélange chez lui de fumisteries inférieures, de batailles avec les cochers de fiacre, et en même temps par sa fréquentation intellectuelle des hauts penseurs, et ses originales rédactions sur la vie médicale. […] Lundi 16 décembre Diderot, lui, pendant que Voltaire et les autres sont encore à rimailler, et demeurent des poètes à chevilles et sans poésie, emploie uniquement la prose, comme la langue de sa pensée, de ses imaginations, de ses colères, et contribue si puissamment à sa victoire, à sa domination en ce siècle, qu’en dehors de Hugo et à peine de trois autres, la poésie n’est plus que l’amusement des petits jeunes gens de lettres à leur début, et pour ainsi dire, la perte de leur pucelage intellectuel.