Que sa femme ne sache rien, pour qu’il ne lui apprenne que ce qu’il lui plaira qu’elle sache, et surtout, ce qui est sa terreur, pour qu’elle n’en sache pas plus que lui ; que sa femme soit habile aux travaux d’intérieur, et qu’elle les aime, et donc qu’elle y ait été habituée dès sa plus tendre enfance, et qu’elle y mette son orgueil, ce qui la détournera de le mettre ailleurs ; que sa femme n’ait pas de personnalité et par conséquent point de religion différente de celle qu’il a, ce qui est la manière la plus accusée, presque la plus agressive d’avoir une personne et ce qui borne redoutablement l’empire qu’il prétend garder ; que sa femme ait quelques petits talents d’agrément, mais avec discrétion, assez grands pour charmer les réunions de famille, assez médiocres pour que la femme ne songe pas à briller devant un cercle de gens qui s’y connaîtraient. » Là certainement s’arrête le rêve de Sganarelle, si déjà il n’est pas un peu dépassé. […] Une paysanne un peu dégrossie ou une grisette un peu nettoyée, surtout femme d’intérieur et bonne ménagère, mais qui cependant lui eût fait quelque honneur devant ses amis : voilà ce que Rousseau a rêvé en traçant le portrait de Sophie.
Il n’attirera point à lui seul la décision des affaires ; le sort des accusateurs et des accusés, balancé clandestinement dans l’intérieur du palais, ne dépendra plus des intérêts d’un petit nombre de gens en faveur. […] Tous les jours un magistrat sensible laisse étouffer par le cri de la justice la voix intérieure de la commisération qui le sollicite.