Mais si vous cherchez pourquoi cette grande, ample et majestueuse phrase du xviie siècle est devenue la phrase vive, rapide et court vêtue du xviiie siècle, vous verrez qu’il faut ici tracer l’histoire de deux âges du génie français ; que cette transformation du stylé est le témoignage en quelque sorte extérieur d’une transformation intérieure de l’esprit national ; qu’on ne peut véritablement l’expliquer et la comprendre que si l’on a d’abord étudié le changement qui, d’un siècle à l’autre, s’est accompli dans les idées, dans les sentiments, dans les mœurs, dans la constitution même de la famille, de la société, de l’État ; et qu’enfin, si Voltaire écrit autrement que Bossuet, ce n’est pas seulement qu’il soit Voltaire, c’est que de l’un à l’autre tout a changé, c’est qu’il faut parler à des auditoires différents un langage différent, c’est que cette différence a été mise entre les auditoires par des événements dont les délibérations et les volontés des hommes ont été les principaux instruments. […] Incapables de pénétrer jusqu’à l’homme intérieur, elles notent avec une insatiable curiosité, quelquefois d’ailleurs avec un certain bonheur d’expression, le détail matériel, visible et tangible. […] Mais, au contraire, de cette même loi qui pèse à Corneille, de cette loi des unités, Molière et Racine ont fait la loi intérieure de leur art. […] Comparez cette suite de chapitres, histoire politique et militaire d’abord, anecdotes, histoire intime de la cour, histoire du gouvernement intérieur, tableau des beaux-arts, histoire des querelles religieuses, tout cela juxtaposé, comme des tableaux dans une galerie, mais non pas composé, d’ailleurs finissant par une plaisanterie d’un goût douteux, sur l’œuvre des missionnaires catholiques en Chine, comme par le mot de la fin d’un journaliste, — comparez ce désordre aimable avec cette belle Histoire des variations des Églises protestantes, et mesurez la distance. […] Dans Christophe Colomb, son audace de novateur ira jusqu’à braver les unités et jusqu’à mettre en scène l’intérieur d’un vaisseau.
Je fermai les yeux avec la main, et tout à coup, comme obéissant à un ordre intérieur, je me rappelai toute ma vie passée. […] pensa-t-il, le mécréant de Diderot est de nouveau en scène ; c’est le moment de s’en servir ; attendez, je vais tous vous étonner. » Et aussitôt, d’une voix tranquille et mesurée, quoique avec un tremblement intérieur, il annonça à son père qu’il avait tort de l’accuser d’immoralité ; qu’il ne voulait pas nier sa faute, mais qu’il était prêt à la réparer, et d’autant mieux qu’il se sentait au-dessus de tous les préjugés ; en un mot, qu’il était prêt à épouser Malanïa.