On se plaît quelques instants au demi-jour de la grotte ; on y admire le caprice des formes et le jeu des rayons, mais bientôt on se sent glacé, on aspire à l’air libre et chaud des champs que féconde le soleil : les vraies fleurs sont celles qui vivent, s’épanouissent et aiment. […] Elle se dissoudra, cette argile légère Qu’ont émue un instant la joie et la douleur ; Les vents vont disperser cette noble poussière Qui fut jadis un cœur. […] Au lieu d’un espoir vain, qui serait peut-être une faiblesse du cœur et que la pensée rejette au nom de tout ce que nous savons sur les inflexibles lois de la nature, l’amant se console de l’éternité qu’il perd par l’immensité présente de son amour : Quand la mort serait là, quand l’attache invisible Soudain se délierait, qui nous retient encor, Et quand je sentirais dans une angoisse horrible M’échapper mon trésor, Je ne faiblirais pas ; fort de ma douleur même, Tout entier à l’adieu qui va nous séparer, J’aurais assez d’amour en cet instant suprême Pour ne rien espérer.
Un dialogue sublime, semblable à ceux de Platon, s’établit entre eux pendant que les deux armées opposées se reposent un instant du meurtre. […] Vient un petit oiseau qui traverse la salle à tire-d’aile, entrant par une porte, sortant par l’autre : l’instant de ce trajet est plein de douceur pour lui, il ne sent plus ni pluie, ni vent, ni frimas ; mais cet instant est fugitif, l’oiseau disparaît en un clin d’œil, et de l’hiver il repasse dans l’hiver !