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342. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre quatrième. Éléments sensitifs et appétitifs des opérations intellectuelles — Chapitre premier. Sensation et pensée »

« J’ai une sensation de ténèbres, puis vient un changement qui amène une sensation de lumière ; durant ce changement, les deux sensations, ou du moins le résidu de la première et le commencement de la seconde, existent simultanément ; l’état composé de conscience qui en est le produit est une sensation de différence97. » Cette théorie, selon nous, montre bien quelles sont les conditions du sentiment de différence : deux états et un état mixte où les autres coexistent pendant un instant, autant du moins qu’ils ne sont pas absolument exclusifs l’un de l’autre. […] Une sensation mixte où coïncident pendant un instant des sensations différentes n’épuise pas le contenu du sentiment de différence, qui enveloppe encore en soi un caractère propre et spécifique, une qualité et une quantité intensive capables de se retrouver au sein de différences très diverses, entre des termes très divers. […] La flèche est, à chaque instant, au même point, immobile ; comment peut-elle donc passer d’un point à l’autre ? Semblablement, chaque sensation est la même en chaque instant, elle est elle-même et non autre chose ; comment donc une seconde sensation, une troisième, une quatrième, qu’elle soit sensation de résistance ou d’autre chose, pourra-t-elle constituer un sentiment de différence, de changement, de mouvement, de transition, de relation ?

343. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre II. La poésie lyrique » pp. 81-134

Dans ces instants, elle est bien une incarnation messianique ; ses paroles sont inédites et telles que les premiers lyriques de notre race les voudraient avoir dites. […] Georges Pioch, le violent et succulent auteur de la Légende blasphémée, Instants de Ville, Toi, la Bonté d’aimer a su trouver des accents ardents, souvent amples, parfois forcés, toujours éloquents. […] Lui qui avait paru un instant à l’avant-garde des poètes individualistes qui mêlent anarchie et socialisme, esprit dionysien et solidarité sociale dans le plus réjouissant amalgame, s’excepta bien vite de cette erreur pour revenir au large chemin rectiligne de la tradition. […] De petits tableaux de genre qui rappellent Heine, de larges apostrophes qui rappellent Ronsard nous avertissent que ce n’était là que l’abandon partiel d’un instant.

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