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892. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIIIe entretien » pp. 223-287

Alain : « Le prince de Talleyrand m’envoie à mon réveil le billet ci-joint ; je vous l’adresse pour votre jeune ami, afin que le plaisir que cette impression du grand juge vous fera soit double. […] Il écrit, à ce que disent ses amis, un poème épique familier dont la vie privée, sans aventures et sans merveilleux, sera le sujet, poème qui ne prendra son intérêt que dans les lieux, les choses, les impressions qui nous enveloppent tous et tous les jours : l’épopée du coin du feu. […] Quoi qu’il en soit, ses grands yeux, d’un bleu sombre où l’azur et la nuit luttaient, sous de très longs cils, comme l’ombre du bord et le bleu du large sur la mer pour en nuancer l’éclat et la profondeur ; ses grands yeux, dis-je, ne pouvaient plus rien acquérir de plus achevé par les années (que des larmes peut-être) ; ils luisaient comme deux étoiles de première eau sous l’arc d’un front proéminent ; leur seule impression, c’était le génie.

893. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIVe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 257-320

Lors même que M. de Lamartine aurait écrit en son propre nom, et comme l’expression de ses propres impressions, ce qu’il n’a écrit que sous le nom d’Harold ; lors même qu’il penserait de l’Italie et de ses peuples autant de mal que le supposent gratuitement ses adversaires, le fragment cité ne mériterait aucune des épithètes qu’on se plaît à lui donner. […] Qui ne sent l’absurdité d’une pareille supposition, et quel homme de bonne foi, en comparant les paroles du poète et ses actions, en opposant tous les vers où il exprime sous son propre nom ses propres impressions à ceux où il exprime les sentiments présumés de son personnage, quel homme de bonne foi, disons-nous, pourra suspendre son jugement ? […] Je la quittai pour la revoir depuis, tous les ans, avec une impression très douce et très admirative qui ne pouvait que s’accroître en la voyant familièrement.

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