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842. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre quatrième. Les conditions physiques des événements moraux — Chapitre premier. Les fonctions des centres nerveux » pp. 239-315

Plus on imagine nettement et fortement une action, plus on est sur le point de la faire. […] Il semble que ce mouvement soit toujours conçu, imaginé, désiré, voulu, mais inutilement ; la poignée corticale d’un des mécanismes moteurs est cassée, et, faute de prise, le patient ne peut plus faire jouer le mécanisme. — Grâce à ces récentes découvertes, nous pouvons nous représenter avec plus de précision le travail qui s’accomplit dans l’écorce cérébrale. […] Ce sont là autant de serinettes différentes qui, rattachées les unes aux autres, s’ébranlent mutuellement, et, à l’état normal, jouent de concert, comme un bon orchestre. — Un pareil mécanisme dépasse de beaucoup tous ceux que nous pouvons construire ou même imaginer. […] Quand nous lisons le nom d’un objet, aussitôt, par association, nous imaginons cet objet lui-même ; de plus, nous prononçons mentalement son nom, nous entendons mentalement ce nom prononcé, et, si nous savons d’autres langues que la nôtre, nous lisons, entendons, prononçons mentalement le nom correspondant dans chacune des autres langues.

843. (1896) Essai sur le naturisme pp. 13-150

  Les antiques Pyrrhoniens et les philosophes de la Moyenne Académie s’imaginaient que la Sagesse était assez proche du sommeil. […] Et ce n’est plus le croyant, qui dans la contemption de ce monde s’efforce à déformer les créations naturelles, tandis qu’il imagine de brillants paradis angéliques, où passent ces formes spiritualisées, conformées tout exprès pour habiter ces villégiatures aériennes. […] L’auteur des Fleurs du Mal se créera donc une sensibilité autonome et exceptionnelle, appliquera son intelligence aux pires perversités ; il imaginera pour ses assouvissements l’enchantement des paradis artificiels. […] Mais on ne veut pas s’apercevoir de la beauté véridique de ces axiomes précis, on se les imagine comme des fictions jolies, et on s’en amuse simplement comme des paradoxales constructions d’un habile fantaisiste.

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