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27. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « De la tragédie chez les Anciens. » pp. 2-20

Je suppose, par exemple, que Thespis, ou quelque autre de ses successeurs, eût pris pour sujet, comme Homère, la colère d’Achille : je m’imagine, que son acteur, représentant le prêtre d’Apollon, venait dire que vainement il avait tâché de fléchir Agamemnon par des prières et des présents ; que ce roi inflexible s’était obstiné à ne lui pas rendre sa fille Chryséide ; que sur cela Chrysès implorait le secours du dieu pour se venger. […] Voilà ce qu’on peut imaginer de plus vraisemblable, en ne supposant, avec Aristote, qu’un acteur ; mais, après tout, ces récits d’une action qu’on ne voyait pas n’étaient qu’une espèce de poème épique. […] Les prêtres s’en plaignirent, et leurs plaintes fondèrent un proverbe : « Cela est beau, disait-on ; mais on n’y voit rien de Bacchus. » L’embarras est de savoir comment Thespis imagina le premier cette ombre de la tragédie, si les chœurs ne lui en ont pas donné lieu. […] Il s’imagine donc qu’on veut les flatter ; et il se trouve insensiblement guéri par le plaisir même qu’il a pris à se séduire. […] S’il n’a voulu instruire, il a prétendu plaire : et pouvait-il imaginer deux moyens plus efficaces pour y parvenir ?

28. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre IV. De la pluralité des temps »

Imaginaires, on en imaginera naturellement autant qu’on voudra. […] On peut donc continuer à imaginer, comme par le passé, des coupes instantanées d’un Temps unique et des simultanéités absolues d’événements. […] Et l’on sous-entend que le physicien du système S existe seul en tant que physicien : celui du système S′ est simplement imaginé. Imaginé par qui ? […] Imaginons maintenant que Pierre, à l’intérieur de son système S, ait le don de vision instantanée à n’importe quelle distance.

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