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675. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre XI. Première partie. Conséquences de l’émancipation de la pensée dans la sphère des idées religieuses » pp. 315-325

Conséquences de l’émancipation de la pensée dans la sphère des idées religieuses Toutes les fois que la société a cessé d’être gouvernée par les traditions, le besoin d’une révélation s’est toujours fait sentir. […] Une autre considération à laquelle je ne puis assez me hâter d’arriver, et que la plupart de mes lecteurs ont sans doute prévue, c’est que la parole a conservé toute sa puissance et toute sa fécondité dans la sphère des idées religieuses. […] Je ne sais si je me trompe, mais il me semblé qu’il était bien nécessaire qu’il restât un dernier asile à la parole, pour que sa force vivifiante renouvelât continuellement la génération des idées. […] Je l’ai dit, et je le redis avec la plus entière conviction, sans le christianisme, sans les idées morales que le christianisme a mises dans le monde, le despotisme finissait inévitablement par s’acclimater dans la vieille Europe. […] Il faut le dire, Bonaparte a voulu peser sur nous avec le pouvoir qui a précédé le christianisme ; et nous, nous l’avons jugé avec les idées morales que le christianisme a données au monde.

676. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre VII. De la physique poétique » pp. 221-230

De la physiologie poétique Les poètes théologiens, dans leur physique grossière, considérèrent dans l’homme deux idées métaphysiques, être, subsister. […] Rien de plus abstrait que l’idée d’existence. Ils conçurent aussi l’idée de subsister c’est-à-dire être debout, être sur ses pieds. […] Ainsi, dans leur grossièreté, ils pénétrèrent cette vérité sublime que la théologie naturelle a établie par des raisonnements invincibles contre la doctrine d’Épicure, les idées nous viennent de Dieu. […] Les premiers hommes étant presque ainsi incapables de généraliser que les animaux, pour qui toute sensation nouvelle efface entièrement la sensation analogue qu’ils ont pu éprouver, ils ne pouvaient combiner des idées et discourir.

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