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570. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre deuxième »

Y a-t-il dans l’histoire de l’intelligence humaine une œuvre plus bienfaisante ? […] Quel service rendra Descartes au genre humain, s’il y réussit ! […] Jamais les témoignages humains n’interviennent dans son raisonnement ; point de citation, point de commentaire. […] Le naturel dans les écrits n’est pas d’une autre sorte que le naturel dans la vie humaine. […] Les grands hommes du dix-septième siècle ont appris de Descartes à connaître le naturel de leur pays, ce naturel qui fait de l’esprit français l’image la plus parfaite de l’esprit humain dans les temps modernes.

571. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Quatre moments religieux au XIXe siècle. »

Les Martyrs, qui n’avaient parlé qu’à mon imagination et à mon goût de jeune homme, leur parlaient encore sans doute, mais ils trouvaient dans ma foi un second abîme ouvert à côté de l’autre, et c’était le mélange de deux mondes, le divin et l’humain, qui, tombant à la fois dans mon âme, l’avait saisie sous l’étreinte d’une double éloquence, celle de l’homme et celle de Dieu82. […] Non qu’il n’y ait eu des Anciens qui aient eu eux-mêmes cette méthode d’examen et d’analyse, la seule vraie, la seule capable de mener à bien l’esprit humain dans la voie du progrès et des connaissances positives ; excellent Plutarque, ce ne furent jamais toi ni tes pareils, avec ces traditions de bonhomie crédule qu’on vient nous vanter un peu tard et qui auraient éternisé le Paganisme ! […] A plus forte raison, ne devons-nous pas en avoir pour ces écrits qui sont comme le cloaque de l’intelligence humaine, et qui, malgré leurs fleurs, ne recouvrent qu’une effroyable corruption. De même qu’un honnête homme évite l’entretien des femmes perdues de mœurs et des hommes déshonorés, de même un chrétien doit-il éviter la lecture des ouvrages qui n’ont fait que du mal au genre humain. […] N’ayant jamais eu aucune diversion d’humaine tendresse, tout avait tourné chez lui à l’ambition spirituelle, mais aussi à une certaine tendresse, également spirituelle, qui se manifestait dans la familiarité avec ceux qu’il appelait ses enfants, tant ceux de son Ordre que les élèves venus du dehors et qu’il tenait dans sa main.

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