/ 4213
692. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Henri Heine »

Ordinairement, elle pousse tard chez les hommes. […] Il l’est partout, même dans les idées les plus erronées, qu’il a parfois, cet homme du temps ! […] Qu’il grandisse ou qu’il rapetisse les hommes et les choses, qu’il se trompe ou qu’il ait raison, Heine est poète comme on respire ; il est poète, et poète idéal… Je l’aime, mais je sais le juger. […] Seulement, en la voyant, on se dira que Henri Heine n’était, après tout, ni un historien, ni un critique, ni un jugeur d’hommes, et comme le poète est encore au fond de sa faute, il sera bien vite pardonné ! […] Il peut avoir des torts, cet homme !

693. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Chateaubriand, jugé par un ami intime en 1803, (suite et fin) » pp. 16-34

La littérature, la production littéraire, n’est point pour moi distincte ou du moins séparable du reste de l’homme et de l’organisation ; je puis goûter une œuvre, mais il m’est difficile de la juger indépendamment de la connaissance de l’homme même ; et je dirais volontiers : tel arbre, tel fruit. […] Un grand fleuve, et non guéable dans la plupart des cas, nous sépare des grands hommes de l’Antiquité. […] Connaître et bien connaître un homme de plus, surtout si cet homme est un individu marquant et célèbre, c’est une grande chose et qui ne saurait être à dédaigner. […] Le portrait vu dans sa première épreuve a pour l’amateur et pour l’homme de goût un prix que rien dans la suite ne peut rendre. […] Tout homme en a un.

/ 4213