Il est le dernier grand homme qu’ait eu la Réforme en France, et c’est le droit des historiens de ce parti de l’étudier avec une complaisance et avec une admiration singulières. […] Il réussit à tous les exercices qui faisaient partie de l’éducation d’un gentilhomme et d’un homme de guerre, et s’appliqua aussi aux choses de l’esprit, notamment à l’histoire, à la géographie, aux mathématiques, qu’il disait être la véritable science d’un prince. […] Pour un homme qu’on dit n’avoir pas eu de goût aux études classiques, il s’occupe beaucoup des antiquités, et il cite assez de latin pour qu’on puisse croire que son premier biographe a exagéré sa répugnance et son ignorance à cet égard43. […] Une victoire merveilleuse qu’il remporta avec six mille hommes sur soixante-dix mille Carthaginois (je ne réponds pas des chiffres) au passage de la rivière de Crimèse, acheva de porter haut son nom et de le rendre vénérable et cher. […] quelle est donc la Cypris, ou quel est l’Amour qui a touché du doigt cet homme ?
Frédéric, recevant le duc de Nivernais comme ambassadeur du cabinet de Versailles, exprimait à sa sœur le regret de ne pouvoir jouir en lui de l’homme aimable. […] Vous pourriez aisément, dans la conversation, savoir ce qu’en pense l’homme instruit dont j’ai l’honneur de vous parler. […] Ce ne serait sortir de sa retraite honorable que pour la plus noble fonction qu’un homme puisse faire dans le monde, ce serait couronner sa carrière de gloire. […] Vous savez que les affaires de l’Europe ne sont jamais longtemps dans la même assiette, et que c’est un devoir pour un homme tel que vous de se réserver aux événements. […] Il y a eu, en des temps plus voisins de nous, une autre sœur de roi aussi, qui a voulu partager la destinée de son frère et mourir avec lui : cet autre roi était loin d’être un grand homme ou même un homme supérieur, ce n’était qu’un honnête homme ; cette sœur, c’était une personne douce, pure, simple, pieuse, ayant surtout les trésors du cœur.