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713. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1885 » pp. 3-97

Dans les choses théâtrales : c’est abominable ces hauts et ces bas, et sans transition aucune. […] Partout, des parapets de la haute solitude, les successifs développements d’horizons sans fin, dans la contemplation mélancolique desquels, il semble que le temps n’est plus une durée, limitée par des heures. […] Elles ont ces plantes à hautes tiges, avec leurs houppes à la façon de certains échassiers, et en leurs penchements et en leur langueur, quelque chose de séducteur, d’attractif des produits originaux excentriques, paradoxaux de la nature. […] Et le lendemain Canrobert disait franchement, tout haut, devant les états-majors des deux armées : « De nous tous, Messieurs, il n’y a qu’un homme qui a vu clair hier !  […] Du haut du Trocadéro, quand il n’y a dans le ciel, ni lune, ni étoile, et que les réverbères de l’infini Paris sont allumés, il semble que toutes les étoiles de la voûte céleste sont tombées à terre.

714. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1891 » pp. 197-291

Et, en effet, comme si je l’avais demandé, au moment où je posais le pied sur la dernière marche, un vieux landau s’engageait à reculons devant moi, dans l’allée resserrée entre de hauts murs, et si étroite que je ne pouvais voir l’attelage, — et l’allée, longue, longue, ne finissait pas. […] Dans la pièce éclairée à giorno, la comtesse arrive bientôt décolletée, dans une robe noire, aux espèces d’ailes volantes derrière elle, et coiffée les cheveux très relevés sur la tête, et surmontés d’un haut peigne en écaille blonde, dont la couronne de boules fait comme un peigne héraldique. […] Un rez-de-chaussée de la rue Franklin, percé de hautes fenêtres, aux petits carreaux du xviie  siècle, donnant à la maison un aspect ancien. […] Montesquiou, disons-le bien haut, n’est point du tout, le des Esseintes de Huysmans, s’il y a chez lui un coin de toquage, le monsieur n’est jamais caricatural, et s’en sauve toujours par la distinction. […] Je crois qu’à l’heure présente, il y a peu de fêtes d’écrivain, où l’on fête de si haute littérature, et c’était charmant, l’espèce de griserie poétique qui nous avait tous pris, hommes et femmes.

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