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495. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1869 » pp. 253-317

* * * — L’homme a l’habitude de parler, comme à des personnes, aux bêtes et à Dieu. […] Au fond, il est pris d’une inquiétude jalouse de l’acceptation de l’œuvre par le public présent ou futur, et alors il mêle les coups de boutoir aux reproches aigus, et sort de ses habitudes de politesse… Puis tout à coup, dans ses paroles, nous sentons percer la visite d’un ami qui ne nous aime pas. […] Vendredi saint Une singulière habitude de manger maigre, le jour où on a mis en croix l’homme apocryphe des Écritures, quand on mange gras, le jour où est morte votre mère. […] * * * — Les militaires, tout charmants qu’ils peuvent être, sont à la longue un peu insupportables, par une tyrannie des idées et des pensées, une sorte d’habitude du commandement dans la causerie.

496. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — I. » pp. 1-19

Massillon en chaire n’avait presque point de gestes : cet œil qu’il baissait d’abord, qu’il tenait baissé d’habitude, lorsqu’ensuite, à de rares intervalles, il le levait et le promenait sur l’auditoire, lui faisait le plus beau des gestes ; il avait, a dit l’abbé Maury, l’œil éloquent . […] Prendre un texte de l’Écriture et nous l’interpréter moralement selon nos besoins actuels, le déplier et retendre dans tous les sens en nous le traduisant dans un langage qui soit nôtre et qui réponde à tous les points de nos habitudes et de nos cœurs, faire ainsi des tableaux sensibles qui, sans être des portraits, ne soient point des lieux communs vagues, et atteindre à la finesse sans sortir de la généralité et de la noblesse des termes, c’est là en quoi Massillon excelle.

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