Il n’y gèle guère que tous les vingt ans ; la grande chaleur de l’été y est modérée par la brise de la mer ; sauf quelques coups de vent de Thrace et des bouffées de sirocco, la température y est exquise ; aujourd’hui encore5, « le peuple a l’habitude de coucher dans les rues depuis le milieu de mai jusqu’à la fin de septembre ; les femmes dorment sur les terrasses. » En pareil pays, on vit en plein air. […] Elles y prendront l’habitude des images déterminées et nettes, et n’auront point le trouble vague, la rêverie débordante, la divination anxieuse de l’au-delà. […] Pour mesurer la puissance d’une pareille idée et la grandeur de la transformation qu’elle impose aux facultés et aux habitudes humaines, lisez tour à tour le grand poëme chrétien et le grand poëme païen, d’un côté la Divine comédie, de l’autre l’Odyssée et l’Iliade. […] Mais les institutions et les rites du moyen âge subsistent encore, et, en Italie comme en Flandre, vous voyez dans les plus belles œuvres le contraste choquant des figures et du sujet ; des martyrs qui semblent sortir d’un gymnase antique, des Christs qui sont des Jupiters foudroyants ou des Apollons tranquilles, des Vierges dignes d’un amour profane, des Anges aussi gracieux que des Cupidons, parfois même des Madeleines qui sont des sirènes trop florissantes et des saints Sébastiens qui sont des Hercules trop gaillards ; bref, une assemblée de saints et de saintes qui, parmi des instruments de pénitence et de passion, gardent la vigoureuse santé, la belle carnation, la fière attitude qui conviendrait pour une fête heureuse de nobles canéphores et d’athlètes parfaits. — Aujourd’hui l’encombrement de la tête humaine, la multiplicité et la contradiction des doctrines, l’excès de la vie cérébrale, les habitudes sédentaires, le régime artificiel, l’excitation fiévreuse des capitales, ont exagéré l’agitation nerveuse, outré le besoin des sensations fortes et neuves, développé les tristesses sourdes, les aspirations vagues, les convoitises illimitées. […] Au contraire dans la statue grecque la tête n’excite pas plus d’intérêt que les membres ou le tronc ; ses lignes et ses plans ne font que continuer les autres plans et les autres lignes ; sa physionomie n’est point pensive, mais calme, presque terne ; on n’y voit aucune habitude, aucune aspiration, aucune ambition qui dépasse la vie corporelle et présente, et l’attitude générale comme l’action totale conspirent dans le même sens.
Il plaida la cause du véritable ornement pour le livre, contre la sotte habitude de placer le dessin là où il n’a que faire. […] « En été et en automne, j’avais l’habitude d’aller passer, une semaine, sans interruption, à la campagne, ou sur les rives de Long-Island. […] » C’est parce que bien des gens sentent la nécessité de s’expliquer qu’ils arrivent à prendre l’habitude de dire ce qui n’est point vrai. […] Il me semble que si nous admettions une seule fois la valeur d’une quelconque des critiques destructives, nous serions obligés de renoncer à notre habitude nationale de nous glorifier nous-mêmes. […] Il évoque vraiment une figure un peu plus tragique, plus sombre que celle que l’on a pris l’habitude d’unir dans sa pensée à celle de l’auteur des Essais d’Elia.