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972. (1923) Les dates et les œuvres. Symbolisme et poésie scientifique

Je rappelle la note décisive : « Dans une phrase passera la musique de la Vie : musique de saveurs, de couleurs, d’odeurs, de rumeurs. » Oui, tout ce qui devait être, était là, en gestation ou en premières réalisations : l’Instrumentation verbale orchestrant le poème  la genèse cosmique, la pré-histoire et les Humanités dansant les rites, en montée vers leur être conscient, la Vie s’organisant à nouveau au ventre maternel et reproduisant l’évolution du monde et de l’homme antérieur, l’évocation de nos Modernités mécaniques et créatrices d’inassouvis Besoins, pour prophétiser la grande Guerre  et ce que les résultantes peuvent me permettre de supputation de Demain et des lois émues à harmoniser l’Humain et l’Universel. […] un grand élan de toutes les énergies encore tumultueuses le haussait comme sur un unanime pavois de guerre et de triomphe. […] Et si, au numéro d’Août 91, Abel Pelletier59 apprécie sévèrement le mot étrange mais où l’état d’âme du pessimisme idéaliste se dénonce » : L’immoralité absolue, c’est la joie de vivre » (Rémy de Gourmont)  précédemment, en tête de la revue, George Bonnamour ardemment avait protesté contre la mesure qui privait de son emploi au Ministère de la Guerre, de Gourmont, pour avoir écrit qu’il ne sacrifierait pas à l’idée de patrie son petit doigt gauche… D’ailleurs, l’année précédente, en Décembre 89, le même souci de proclamer l’indépendance de l’écrivain avait opéré une même et plus large union lorsque le Ministre de la Guerre encore, demanda des poursuites contre le livre de Lucien Descaves60, Sous-offs  « Depuis vingt ans, disait la protestation (Figaro, 25 Déc.), nous avons pris l’habitude de la liberté. […] C’est ainsi qu’en Juillet 1891, Paul Adam, excipant de ce que « tout les vingt ans une saignée est nécessaire », demandait la Guerre, « immédiate, acharnée, définitive… » Ses déductions étaient surprenantes. […] Front comme soulevant d’énergie prudente l’invisible entrave de l’inconnu, il donnait dès lors l’impression d’une puissance complexe et une, odorant ainsi que primitivement la découverte : les musclés et sagaces humains de la Guerre du feu se tenaient tapis aux occultes amas de son subconscient.

973. (1890) Causeries littéraires (1872-1888)

Comme l’Iliade n’est qu’un épisode de la guerre de Troie, Quatre-vingt-treize n’est qu’un épisode de la guerre de Vendée, guerre étrange où la cruauté égale l’héroïsme, où l’horreur tient du prodige, « guerre abominable et magnifique, dit Victor Hugo, qui a désolé et enorgueilli la France : la Vendée est une plaie qui est une gloire ». […] Daudet est parti en guerre contre le Midi avec toute l’impétuosité d’un homme du Midi. […] C’est à cause d’eux qu’il est parti en guerre contre l’Académie. […] Augier s’en est allé en guerre : trop peut-être au point de vue de l’art. […] Pailleron ne voulait partir en guerre contre les savants, les travailleurs, les chercheurs, ni entreprendre une croisade contre la science.

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