Si ce n’avait été là qu’une question de guerre, jamais la Gaule n’aurait été conquise. […] Arbogaste, pour le compte de Rome, avait fait la guerre à Sunno et à Marcomer, les ennemis de l’Empire. […] Comme ailleurs, comme partout, ennemis entre eux, ils se battirent entre eux, et la royauté des Francs sortit même de ces guerres de Barbares à Barbares.
Ce paysan d’Arpinum, qui parvint sept fois à la première place du monde, n’était pas sans doute un modèle de vertus pour Cicéron ; mais un Romain devait louer en lui les talents et les victoires, et un républicain pouvait louer ce caractère altier qui osa braver tous les grands de Rome, qui leur reprochait avec audace leur corruption et leur mollesse, qui se vantait de son obscurité, comme les grands se vantaient de leurs aïeux ; qui, dans un siècle poli, consentait à passer pour ignorant, et avouait qu’il n’avait appris qu’à combattre et à vaincre ; qui opposait ses triomphes en Afrique, et les quatre cent mille Teutons ou Cimbres qu’il avait exterminés en Italie ou dans les Gaules, aux tables, aux cuisiniers et au faste des patriciens dans Rome ; il faut observer d’ailleurs que cet éloge fut composé avant les guerres civiles de Marius, et Cicéron était alors dans l’âge où l’énergie du caractère est ce qui frappe le plus, et où l’on mesure les hommes plus par les grands effets, que par les grands motifs. […] Cicéron, dans cette circonstance, loue Pompée sur la tribune, pour lui faire donner le commandement de la guerre contre Mithridate. […] Ainsi par une vie mortelle, vous avez reçu en échange l’immortalité. » Il paraît que Cicéron, dans ce morceau, s’était proposé d’imiter le fameux éloge de Périclès pour les soldats morts dans la guerre du Péloponnèse : c’est le même enthousiasme pour la patrie et le même fonds pour les idées.