Ce qui le prouve, c’est qu’Achille, qui fait tant de bruit pour l’enlèvement de Briséis, et dont la colère suffit pour remplir une Iliade, ne montre pas une fois dans tout ce poème un sentiment d’amour ; Ménélas, qui arme toute la Grèce contre Troie pour reconquérir Hélène, ne donne pas, dans tout le cours de cette longue guerre, le moindre signe d’amoureux tourment ou de jalousie.
et la guerre va-t-elle renaître autour de ce mot aussi acharnée qu’elle l’était, il y a trente ans, à propos de romantisme. […] La guerre pour des mots est toujours un peu notre manie, et l’on peut même ajouter que ces mots, à mesure qu’on les agite, font d’autant plus de vacarme qu’ils sont plus creux, à l’exemple des grelots et des tonneaux. […] Cette guerre de mots a cependant ses périls. […] C’est lui que nous voyons à la Renaissance, avec Ronsard et du Bellay, livrer aux Pétrarquistes cette guerre vigoureuse qui fut pour ainsi dire la réhabilitation de la chair en poésie. […] cette guerre de couleur locale, de libre allure et de propriété d’expression qu’ils poussèrent plus tard à l’absurde.