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634. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre premier »

Il n’a guère que des idées particulières et locales, qu’il exprime pour un moment dans une langue qui change tous les jours. […] L’écrivain qui jouit tout seul de son esprit n’est guère plus considéré et estimé qu’un oisif, dans une société où tout le monde travaille. […] Les figures, les métaphores, sont des pièges du même genre, et dont il n’est guère plus facile de se garder.

635. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre deuxième »

Cet enjouement était dans le caractère du jeune Rabelais et son humeur joviale ne lui avait guère moins fait d’amis dès ce temps-là, que sa réputation de savoir et une mémoire immense, capable de recevoir et de garder tout ce que pouvait apprendre homme vivant. […] Il n’est guère de sujet dans lequel il n’ait vu ou indiqué la vérité qui était à dire ; mais comme si ce peu de sagesse le fatiguait, à peine sa raison commence-t-elle à s’intéresser à son objet, qu’il l’en détourne brusquement et, soit par une malice délibérée, soit par cet emportement qui lui est propre, il étouffe cette lueur sous un amas de folles imaginations. […] que prouve cette renommée de mystificateur, sinon que l’humeur joyeuse qui déborde dans l’écrivain a été le caractère même de l’homme, et que Rabelais n’a guère moins ri lui-même qu’il n’a fait rire de ses écrits ?

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