Jean-Marc Bernard Le théâtre, tel que l’ont compris les Grecs et les grands Maîtres du xviie siècle, m’apparaît vraiment comme le spectacle intellectuel le plus beau qui soit. […] Les grandes tragédies grecques, nos Mystères français, les autos de Calderón, Le Roi Lear ou Hamlet, Horace ou Polyeucte, les Don Juan de Molière et Mozart, les opéras de Wagner sont — pour n’évoquer que les œuvres des morts — d’éclatants exemples d’un tel théâtre, qui procède toujours de la religion, et dont l’exemple sublime est la Messe. […] Celui de trois grecs, un anglais, deux français, deux allemands. […] » Aujourd’hui les magazines répandent dans tous les milieux les noms et les portraits des actrices et l’analyse des pièces ; il en est de même des modes nouvelles : dans le moindre village, on a vu des coiffures à la grecque et des robes entravées. […] sans arrondir des gestes grecs détachés de quelque frise célèbre.
Le Jupiter olympien et la Pallas grecque, Salamine et le Pirée, le Pnyx et l’Acropole ont leur majesté ; mais cette majesté est vraie et populaire ; au lieu que la majesté romaine est montée, machinée. […] Le sage, comme Socrate, Stilpon, Antisthène, Pirrhon, n’écrivant pas, mais parlant à des disciples ou habitués [(en grec)], est maintenant impossible. […] Le culte grec, représentant au fond le culte de la nature humaine et de la beauté des choses, et cela sans aucune prétention d’orthodoxie, sans aucune organisation dogmatique, n’est qu’une forme poétique de la religion universelle, peut-être assez peu éloignée de celle à laquelle ramènera la philosophie 208. […] La grande supériorité morale du christianisme nous fait trop facilement oublier ce qu’il y avait dans le mythologisme grec de largeur, de tolérance, de respect pour tout ce qui est naturel. […] Le christianisme n’a reçu tout son développement qu’entre les mains des Grecs.