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322. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Virgile et Constantin le Grand par M. J.-P. Rossignol. »

Rossignol, que depuis la majestueuse épopée jusqu’à la vive épigramme aiguisée en un simple distique, chaque poëme eut son style et son harmonie, ses mots, ses locutions, son dialecte propre, son rhythme particulier ; et quoique la limite qui séparait deux genres fût quelquefois légère et peu sensible, il n’en fallait pas moins la respecter, sous peine d’encourir l’anathème d’un goût difficile et ombrageux. » L’auteur donne ici de piquants exemples tirés de la métrique des anciens ; le déplacement d’un seul pied suffisait pour changer tout à fait le caractère et l’effet d’un chant. […] Ceux qui seraient tentés d’accueillir avec sourire ce genre de recherches intimes, poursuivies par un homme de goût, peuvent être de bons et d’excellents esprits, mais ils ne sont pas entrés fort avant dans le secret du langage antique, et nous les renverrions pour se convaincre, s’ils en avaient le temps, à Denys d’Halicarnasse et aux traités de rhétorique de Cicéron. […] Rossignol nous a rappelé un critique bien délicat aussi d’oreille et de goût, feu M. […] Rossignol ; la fureur de ces jeux d’esprit redoublera, entretenue par la superstition et le faux goût ; et l’écrivain sur qui ce zèle extravagant s’exercera de prédilection, c’est Virgile. » Le critique suit dans tout son cours la nouvelle destinée que fit au poëte l’illusion superstitieuse.

323. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Préface. de. la premiere édition. » pp. 1-22

Le Théatre de la Littérature est envahi par trois sortes d’ennemis qui le dégradent : une Philosophie tyrannique & inconséquente y suffoque ou corrompt le germe du talent ; le faux goût y anéantit les vrais principes ; une aveugle facilité à tout admirer, acheve d’en bannir l’émulation & de décourager le mérite. […] Les Lecteurs éclairés nous les pardonneront d’autant plus aisément, qu’ils doivent sentir par eux-mêmes, que lorsqu’il s’agit de venger la Religion, les Mœurs & le Goût, contre les erreurs de plusieurs Ecrivains accrédités, on ne sauroit s’exprimer avec trop de force. […] Cet horizon si pur n’a pas été longtemps sans nuages ; cette Philosophie si bénigme s’est bientôt aigrie, à peu près comme ces liqueurs factices qui ne conservent pas long-temps leur goût emprunté. […] L’amour de la Religion, de la Patrie, des Lettres & du Goût, a été notre unique motif : nous voudrions en être la victime, si vous deviez par-là achever de vous faire connoître ».

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