Il y a, dans cette portion populaire et légendaire de la gloire de Napoléon, de quoi défrayer au plus quelques chansons merveilleuses, comme l’a fait Béranger dans ses Souvenirs du Peuple, comme il se dispose, dit-on, à le tenter encore dans un cadre habilement choisi. J’attends cette épopée en chansons, et je me fie, pour tempérer le conte et l’exagération populaire, à l’auteur du Roi d’Yvetot, à celui qui a vu le conquérant à son midi et qui ne s’est pas soucié de servir sa gloire désastreuse. […] de hurler et de mugir sur tous les tons et à tue-tête la gloire de Napoléon.
Cherchant à me rendre compte de son talent lyrique et poétique, et des limites naturelles de cette vocation, j’écrivais dans le Globe (20 mars 1827), lorsque parurent les Sept Messéniennes nouvelles, le jugement que voici : — Quand un beau talent a remporté, du premier coup, un succès d’enthousiasme, et qu’une prédilection presque unanime s’est plu à le parer, jeune encore, et des louanges qu’il méritait déjà et de celles qu’on rêvait pour lui dans l’avenir, il arrive difficilement qu’une gloire où l’espérance a tant de part soutienne toutes ses promesses, et que l’augure si brillant de son début ne finisse point par tourner contre elle. […] Delavigne, qui a supporté avec tant de modestie sa gloire précoce, nous pardonnera aujourd’hui quelques reproches et quelques conseils. […] Hâtons-nous d’effacer et de couvrir, par cette éclatante citation, les taches nombreuses qu’il nous a coûté de relever si sévèrement : Et toi qu’on veut flétrir, Jeunesse ardente et pure De guerriers, d’orateurs, toi, généreux Essaim, Qui sens fermenter dans ton sein Les germes dévorants de ta gloire future, Penché sur le cercueil que tes bras ont porté, De ta reconnaissance offre l’exemple au monde : Honorer la vertu, c’est la rendre féconde, Et la vertu produit la liberté.