L’Histoire, qui, s’il l’avait voulu, lui eût fait une bonne gloire au lieu d’une mauvaise célébrité ; l’Histoire, sa nourrice et sa mère, n’a pu le préserver ; car il n’y a que nous qui nous préservons seuls contre nos passions et nos vices ! […] Lui qui procédait en Histoire par surprises et par fulgurances, et mettait perpétuellement les Gloires la tête en bas et les Abjections la tête en haut, ne nous dit rien là que nous ne sachions, et même trop… Le voilà sentimental, niais, déteint, pleurard, vieillard et cafard… de philanthropie. — « Comme te voilà fait ! […] Michelet regardait l’Étudiant, et avec juste raison, comme la matière de l’Histoire future, et il cherchait avec toutes les forces de son esprit à pétrir cette matière et à la préparer, pour l’Histoire et la gloire de l’Histoire… L’Histoire du passé cède donc la place à celle de l’avenir dans ce Cours de 1847, allumé, comme un phare sur des ténèbres, avec toutes les sécurités de la certitude, et qui, tel que le voilà à cette heure, n’est plus qu’une vieille lanterne éteinte et cassée, au pied du bâton qui la soutenait, renversé… Eh bien, c’est là, je le répète, ce qui est intéressant et instructif.
Mais cette gloire n’était pas pour lui suffire. […] Plus une conséquence de telle ou telle esthétique est terrible et faite pour effrayer, plus ils sont fiers d’avoir été jusqu’à cette conséquence ; du moment où elle était nécessaire, le principe une fois admis, ils se font gloire de ne pas reculer devant elle ; ils soutiendront, ils estimeront même de bonne foi, que ce qui révolte le plus doit être ce qu’il y a de plus admirable. […] Les artistes de la démocratie athénienne, celle qui est restée la gloire du monde, s’appelaient Ictinus, Phidias, Myron, Scopas, Praxitèle ; ses poètes s’appelaient Sophocle, Euripide, Ménandre ; ses orateurs Périclès et Démosthène : ils auraient désavoué les naturalistes, et les naturalistes le leur rendent.