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718. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire. »

Lui-même, il l’a reconnu avec naïveté, il n’est qu’un shakespearien de hasard et de rencontre : il y va de confiance et à l’aveugle ; l’étude directe et la science lui manquent ; il n’a pas la première clef, la plus indispensable, pour s’initier au génie du poète auquel il semble pourtant s’être voué par culte. […] pourquoi ne puis-je consulter en vous le plus sûr confident du génie de Shakespeare ! […] Mon âme s’efforce, en composant, de prendre vos vigoureuses attitudes, et d’entrer dans la profondeur énergique de votre génie. […] voilà ma postérité. » Trop de vertu, trop de sensibilité en pratique et en action autour de nous, nuirait-il donc au talent et au génie, à ce serviteur et à cet esclave de son art, qui ne doit être ni distrait ni partagé ? […] Les premières sont adressées à Sedaine, un homme de génie dans son genre, inégal, mais qui trouve du neuf à chaque pas, et qui s’était formé seul.

719. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Alphonse Daudet, l’Immortel. »

Enfin, je vois que quatre ou cinq des plus grands génies littéraires de ce siècle, sans compter une douzaine de talents supérieurs, ont été repoussés ou oubliés par l’Académie. […] (C’est ce qu’ont oublié quelques chroniqueurs farouches, de ceux qui vont criant : « Ne coupez pas les ailes au génie », comme s’ils étaient personnellement menacés.) […] Il a tout : du génie, des vertus, une femme qui l’adore, des enfants d’une beauté merveilleuse. […] Le malheureux a conservé cette illusion, que c’est la faute de l’Université s’il n’y a pas plus d’esprits originaux en France, et qu’un professeur de rhétorique est un homme qui s’est donné pour tâche d’étouffer le génie chez les pauvres potaches confiés à ses soins. […] Daudet garde un instinct de la tradition latine, un respect spontané du génie de la langue.

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