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991. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1876 » pp. 252-303

Hugo cause de la séduction de l’éloquence de Thiers, faite, dit-il, avec des choses qu’on sait mieux que lui, et d’une foule de fautes de français, et tout cela débité avec une très vilaine voix, — et qui cependant, au bout d’une demi-heure, vous prend, vous intéresse, s’impose à vous. […] Il contait qu’un général russe, après une attaque, deux fois repoussée par les Français retranchés derrière le mur d’un cimetière, avait commandé à ses soldats de le jeter par-dessus le mur. […] Pendant ce, un fantassin français, qui le regardait, sans tirer, lui criait en riant : Gros cochon ! […] Mais les hurrah avaient été entendus, les Russes s’étaient décidés à franchir le mur, et les Français étaient bientôt chassés du cimetière. […] Dans ce corridor, qui était la salle à manger, Brendel, Schlosser, Heilbuth, mangeaient parmi de grands chiens, pendant que, magistralement, se promenait au milieu d’eux le gargotier puriste Schumacker, reprenant les fautes de français de sa clientèle alsacienne et prussienne.

992. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite et fin.) »

J’avais voulu prévenir la guerre, je croyais que la France liée à l’Angleterre la rendait impossible ; j’avais voulu, de plus, obtenir pour la Révolution française du mois de juillet 1830 le droit de bourgeoisie en Europe, et tranquilliser le monde sur l’esprit de propagandisme que l’on supposait à notre gouvernement. […] ce jour-là l’on vit bien ce qu’est la puissance de l’esprit dans la société française, surtout quand il est relevé par la naissance, et, faut-il le dire ? […] J’ai connu, lorsque j’étudiais dans Port-Royal les actes sincères du vieux christianisme français et gallican, des confesseurs et directeurs de conscience qui, au chevet d’anciens ministres prévaricateurs et repentants, exigeaient une réelle et effective pénitence, une pénitence de bon aloi, la restitution des sommes mal acquises, une réparation en beaux deniers comptants à ceux à qui l’on avait fait tort. […] Sainte-Beuve quelques passages d’une correspondance peu connue de M. de Talleyrand avec la duchesse de Courlande, un entre autres où M. de Talleyrand se montre défendant la cause de l’humanité, pendant qu’on bataillait sur le territoire français, en mars 1814. — Voici ce passage, que je copie d’après l’obligeante communication que M.  […] » Ce sont nos pasquinades à la française.

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