J’espère qu’avec cette précaution l’ouvrage sera utile aux Français et aux étrangers. […] Il y a dans ce grand homme plus de vers faibles qu’il n’y en a d’incorrects ; mais, malgré tout cela, nous savons vous et moi, que personne n’a jamais porté l’art de la parole à un plus haut point, ni donné plus de charme à la langue française. […] En 93 même, s’il y avait assisté, il aurait dit : « Les y voilà, je les reconnais, mes Welches ; c’est bien cela. » Nul n’a aussi vivement et aussi fréquemment exprimé le contraste qui se fait remarquer dans le caractère des Français et des Parisiens aux diverses époques de notre histoire. […] Il faut que ce soit un Français aussi Français que Voltaire qui dise de ces choses à sa nation d’alors et d’autrefois pour qu’on se permette de les répéter. […] Nul ne savait mieux que lui, au collège, aiguiser le vers latin et même tourner le vers français en un genre qu’on était déjà près d’abandonner : Sous lui bâille un commis qui l’aide à ne rien faire, disait-il agréablement dans une épître à je ne sais quel avocat sans cause5.
Il avait pour mère une Française, Marie de Nemours, qui devint régente de l’État à la mort de son époux Charles-Emmanuel, enlevé dans la force de l’âge (12 juin 1675). […] Louvois voulait acquérir Casai du duc de Mantoue et y mettre une garnison française pour s’ouvrir une porte sur le Milanais. […] L’abbé d’Estrades demanda le passage des troupes françaises à travers le Piémont, pour qu’elles allassent occuper cette citadelle de Casai, vendue à la France à beaux deniers comptants. […] Les Français traversèrent donc le Piémont de part en part et entrèrent dans la citadelle le 30 décembre (1681). […] Le prétexte est que les religionnaires français, traqués de toutes parts, cherchent un refuge parmi leurs frères de Piémont.