Décadence de la féodalité et de l’Église : dessèchement des formes poétiques du moyen âge. […] La théologie est encore la maîtresse science, et la logique la maîtresse forme de la science. […] Prose ou vers, galanterie ou doctrine, toute forme et tout sujet s’accommode en allégorie. […] Cela est vrai de la forme de ses vers : du reste il lui ressemble aussi peu que possible. […] Gerson conserve toutes les formes traditionnelles de l’éloquence de la chaire.
Réunies, ou plutôt versées l’une dans l’autre, l’une l’Humour, c’est la faculté la plus opposée à la forme qu’elle emploie, et l’autre, à son tour, le Sonnet, est la forme la plus résistante à la faculté qu’il embrasse. […] Le Sonnet est une forme vieillie, et ce n’est rien que de vieillir, — vieillesse, dans les choses de l’intelligence, c’est souvent parfum, sagesse et profondeur, — mais c’est une forme bornée, et il nous est impossible d’avoir pour elle le respect qu’avait Despréaux. […] Tout au plus était-ce bon pour les Voiture et les Benserade, cette forme presque calligraphique de poésie. […] le plus beau de tout, c’est la grandeur dans l’être, c’est l’étendue dans la forme puissante, c’est l’ampleur dans le geste humain ! […] Singulier poète, ou, pour mieux parler, singulière spécialité poétique, qui s’est liée volontairement dans de pareils esclavages, qui a renfermé sa pensée dans la forme étroite au lieu de dilater cette forme autour de sa pensée, je ne le confondrai pas pourtant avec les Vides de ce temps, les poètes de la forme pure, avec les écorces sculptées, qui ne renferment rien, comme les sarcophages des Anciens, qui ne contenaient pas même de cendres, car lui, lui, il a la pensée, il a cette perle malade, mais cette perle de la pensée, dont les feux du diamant de l’art, de la langue et du rythme, ne valent pas le plus pâle rayon !