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724. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mademoiselle de Scudéry. » pp. 121-143

Tallemant nous dit qu’elle avait en causant un ton de magister et de prédicateur, qui n’était nullement agréable : ce ton se déguisait dans ses romans en passant par la bouche de ses personnages, et il nous faut aujourd’hui une certaine étude pour retrouver le didactique au fond. […] À quelques égards, dans ces Conversations, Mlle de Scudéry se montre à nous comme le Nicole des femmes, avec plus de finesse peut-être, mais aussi avec un fond de pédantisme et de raideur que l’ingénieux théologien n’a pas. […] En effet, cette estimable personne, longtemps maltraitée par la fortune, s’était de bonne heure accoutumée aux compliments qui pouvaient lui être utiles : il entrait un peu de savoir-faire au fond de tout son mauvais goût. […] C’est par ce côté aussi que je la juge, et que, tout en lui reconnaissant beaucoup de distinction et d’ingénieuse sagacité d’analyse, beaucoup d’anatomie morale, j’ajoute que le tout est abstrait, subtil, d’un raisonnement excessif et qui sent la thèse, sans légèreté, sans lumière, sec au fond et désagréable.

725. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires de Marmontel. » pp. 515-538

Cette jolie petite ville de Bort, située dans un fond, est dominée par des rochers volcaniques symétriquement disposés, qui rendent, quand le vent souffle, un son étrange, harmonieux, et qu’on a appelés pour cette raison les orgues de Bort. […] Son observation comme moraliste et son talent comme artiste pèchent également par cette mollesse et cette rondeur qui n’a jamais pénétré au fond des cœurs ni au fond des choses humaines. […] Quoique je ne fusse pas de son avis, ajoute Bailly, j’admirai sa fermeté qui lui fit honneur à cet égard ; mais le mécontentement sur le fond de son opinion me fit préjuger qu’il ne serait pas député. » Bailly a-t-il bien eu lieu de se féliciter de l’être ?

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