C’est une de ces anecdotes qui, par la facilité avec laquelle une nation les accepte et s’obstine à y avoir foi, acquièrent tout au moins la valeur morale de croyances populaires. […] « Il manquait peu de sermons, dit Saint-Simon, l’avent et le carême. » Il apportait au pied de la chaire évangélique, outre une foi demeurée intacte, même dans le plus grand emportement des passions, l’amour de la vérité qu’il cherchait sans cesse, qu’il savait entendre, pourvu qu’elle gardât la déférence qui ne messied à aucune vérité ni devant personne. […] Le goût s’y perfectionnait par les mêmes choses qui affermissaient la foi. […] Sa hardiesse était d’autant plus efficace qu’elle lui venait, non de témérité et d’impunité, mais d’une connaissance plus exacte des droits qu’elle tire de la foi, et des limites que doit y mettre la charité. […] Ce titre ne s’est pas glissé dans la langue générale par hasard, ni sur la seule foi de Voltaire, qui l’a mis en tête de son histoire du règne de Louis XIV.
L’Histoire du Manichéisme fait honneur à sa plume & à son érudition ; la complaisance avec laquelle il expose cette hérésie, les réflexions qu’il joint à ses récits, n’en font pas autant à son jugement & à sa foi.