Son empire était même essentiellement borné aux esprits cultivés ; car, tant que la foi subsista réellement, l’instinct populaire dut toujours repousser avec énergie une conception qui, au fond, tendait à annuler le pouvoir providentiel, en le condamnant à une sublime inertie, qui laissait toute l’activité habituelle à la grande entité métaphysique, la Nature étant ainsi régulièrement associée au gouvernement universel, à titre de ministre obligé et responsable, auquel devaient s’adresser désormais la plupart des plaintes et des vœux. […] Jusque chez ceux qui conservaient la foi dogmatique, cette funeste influence se faisait indirectement sentir, parce que l’autorité sacerdotale, après avoir perdu son indépendance politique, voyait aussi décroître de plus en plus l’ascendant social indispensable à son efficacité morale. […] Il n’existe donc aucune alternative durable, entre fonder enfin la morale sur la connaissance positive de l’Humanité, et la laisser reposer sur l’injonction surnaturelle : les convictions rationnelles ont pu seconder les croyances théologiques, ou plutôt s’y substituer graduellement, à mesure que la foi s’est éteinte ; mais la combinaison inverse ne constitue certainement qu’une utopie contradictoire, où le principal serait subordonné à l’accessoire. […] On ne peut, sans doute, espérer de jamais rendre suffisamment accessibles à toutes les intelligences ces preuves positives de plusieurs règles morales destinées pourtant à la vie commune : mais il en est déjà ainsi pour diverses prescriptions mathématiques, qui néanmoins sont appliquées sans hésitation dans les plus graves occasions, lorsque, par exemple nos marins risquent journellement leur existence sur la foi de théories astronomiques qu’ils ne comprennent nullement ; pourquoi une égale confiance ne serait-elle pas accordée aussi à des notions plus importantes ? […] Aux yeux de la foi, surtout monothéique, la vie sociale n’existe pas, à défaut d’un but qui lui soit propre ; la société humaine ne peut alors offrir immédiatement qu’une simple agglomération d’individus, dont la réunion est presque aussi fortuite que passagère et qui, occupés chacun de son seul salut, ne conçoivent la participation à celui d’autrui que comme un puissant moyen de mieux mériter le leur en obéissant aux prescriptions suprêmes qui en ont imposé l’obligation.
Belurgey, natif de Flavigny « en Bourgogne, qu’il prisoit fort… » Or, ce professeur de rhétorique se vantait notoirement d’être de la religion de Lucrèce, de Pline, et des grands hommes de l’antiquité ; pour article unique de foi, on l’entendit alléguer souvent certain chœur de Sénèque dans la Troade : « Bref, ajoute Guy Patin, M. […] Bien qu’en plus d’un passage de ce livre sur les Rose-Croix, la religion chrétienne ne semble pas suffisamment distinguée de ce qui est touché tout à côté, il apparaît assez clairement que l’auteur ne favorise en rien les nouveautés religieuses qui ont troublé le royaume et porté atteinte à la foi des aïeux. […] Ainsi, à propos de l’Alcoran, dont les paroles, dit Mascurat (page 345), sont très-belles et bonnes, quoique la doctrine en soit fort mauvaise, Saint-Ange se récrie, et Mascurat répond entre autres choses : « … Joint aussi qu’il est hors le pouvoir d’un homme, tant habile qu’il soit, de connoître quelle est la religion des Turcs, soit pour la foi ou les cérémonies, par la seule lecture de l’Alcoran ; tout de même, sans comparaison toutefois, qu’un homme qui n’auroit lu que le Nouveau Testament, ne pourroit jamais connoître le détail de la religion catholique, vu qu’elle consiste en diverses règles, cérémonies, établissements, institutions, traditions et autres choses semblables que les papes et les conciles ont établies de temps en temps, et pièces après autres, conformément à la doctrine contenue implicité ou explicité dans ledit livre. » On a le venin.