/ 1749
999. (1890) L’avenir de la science « XV » pp. 296-320

Aux deux phases de la pensée humaine correspondent, en effet, deux sortes de littératures : — littératures primitives, jets naïfs de la spontanéité des peuples, fleurs rustiques mais naturelles, expressions immédiates du génie et des traditions nationales   littératures réfléchies, bien plus individuelles, et pour lesquelles les questions d’authenticité et d’intégrité, impertinentes quand il s’agit des littératures primitives, ont leur pleine signification. […] En apparence, la fine fleur serait préférable, mais l’estomac ne pourrait la supporter. […] Que deviennent les idées naïves d’un enfant lourdement commentées par des pédants, fleurs délicates qui se flétrissent en passant de main en main.

1000. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXe entretien. Dante. Deuxième partie » pp. 81-160

« Il me sembla, dit-il, voir en songe une femme jeune et belle aller et venir dans une lande en cueillant des fleurs et en chantant. […] « Tant de désir sur tant de désir », dit-il, « me vint de m’élever plus haut qu’à chaque pas de plus je sentais des ailes sortir de moi pour voler. » « Vois le soleil qui te frappe au front », dit Virgile, « vois l’herbe tendre, et les fleurs, et les arbrisseaux que cette terre enfanta d’elle-même, — tandis que les beaux yeux (de Béatrice), dont les larmes m’attendrirent pour me prier de venir à toi, deviennent maintenant sereins et joyeux à ton approche. — Tu peux maintenant t’asseoir ou errer à ton gré dans ces bocages, etc. » Cette délicieuse halte au milieu des plus fraîches et des plus amoureuses images rappelle le chantre de Francesca de Rimini, le disciple de Virgile, le précurseur de Pétrarque. […] » XXV En effet, jusqu’à la fin du dernier chant, son poème, sans action, sans drame, et par conséquent sans dénouement, n’est plus qu’un éblouissement d’étincelles, de feux, de flammes, de lueurs, d’ailes, de fleurs volantes, de trinités lumineuses, resplendissantes dans une seule étoile, de visages rayonnants d’auréoles, de cercles inférieurs se fondant dans d’autres cercles supérieurs, comme les plans superposés de bienheureux échelonnés par tous les peintres d’apothéoses dans les dômes des cathédrales ; saint Bernard, la Vierge Marie, Rachel, Sara, Rebecca, Judith, saint Jean, saint Benoît, saint Augustin, saint Pierre, sainte Anne, Ésaü, Jacob, Moïse, sainte Lucie, patronne de Palerme, y chantent des Hosanna éternels.

/ 1749